Passeur de lumière
La peinture de Jean-Paul Ingrand est une invitation au voyage.
Un cheminement dans une palette de couleurs dont la lumière est l’âme éclatante.
Le promeneur qui s’engage dans le chemin tracé pas à pas par le travail du peintre est pris tout d’abord par l’esthétique du trait où la matière s’avance, brutale et nue, compacte et mouvante, claire, obscure. S’il continue sa marche, il lui faudra rythmer son pas dans le tempo de l’œuvre, tranquille et décidé. Il devra accepter de laisser sur le bord du chemin les urgences du présent qui le tiennent dans l’oubli de lui-même.
Il devra prendre son temps, être attentif.
Car un monde nouveau s’offre à lui.
L’Ereignis d’une matrice picturale où se fabriquent par l’entremise d’une matière originalement travaillée le miroir et les reflets d’une nouvelle vision du monde.
Solide, cristalline, sombre, liquide, diaphane, transparente, la matière se décline en masses compactes ou éclatées, en pluie de traits fins et filants, en lignes droites ou brisées comme autant de topologies kaléidoscopiques nécessaires au miracle de la lumière.
Et c’est bien là, dans cette possibilité du surgissement, que le travail du peintre prend tout son sens et convoque notre dasein au cœur des jaillissements surprenants de la lumière. Pour qu’enfin, pris jusque-là dans la démesure de sa part d’ombre, le promeneur solitaire cherche dans la trace de ces éblouissements successifs l’estompe de ses propres aveuglements et trouve aux confins de sa marche assurée la clairière d’une mondanéité sereine.
Dans cette pensée de l’observation du monde que l’œuvre de Jean-Paul Ingrand offre au regard, débarrassée d’une conception matérialiste de la nature, s’annonce une multiplicité de voies pour l’homme en quête de sagesse. La première d’entre-elles pourrait sans nul doute être celle qui consiste à accepter le regard de l’œuvre sur lui-même comme une lumière scintillante où puiser les possibles de son humanité naissante.
En ce sens, l’œuvre qui nous est proposée dans ce site est celle d’un artiste dont le travail se nourrit des possibilités ouvertes par les pensées venues du siècle des Lumières.
Jean-Paul Ingrand, peintre des Lumières.
Michel Gros-Dumaine